Compte-rendu de la réunion publique du samedi 21 janvier 2023 à Champs

Tout d’abord merci à tous pour votre présence, nous espérons que cette réunion était à la hauteur de vos attentes et que les sujets abordés correspondent aux questions que vous vous posez.

Ci-dessous découvrez la présentation partagée lors de la réunion

Ci-dessous la présentation du Collectif Allier Citoyen

Compte rendu

L’association A contre-vents 63, forte de 146 adhérents et qui lutte contre le projet d’implantation d’un parc éolien à Saint-Hilaire-la-Croix et Montcel porté par Montcel durable, a organisé sa deuxième réunion publique d’information samedi 21 janvier, à la salle polyvalente de Champs.
En septembre 2022, la première réunion d’information avait attiré 130 personnes. Samedi, alors que les conditions météorologiques étaient défavorables, près de 110 personnes sont venues assister à la table ronde organisée sur le thème « Pourquoi dire non au parc éolien ». Plusieurs intervenants se sont exprimés et ont échangé sur différents sujets : Jean-Michel Desmon, président du Collectif Allier Citoyens ; Yves Simon, président des Gîtes de France de l’Allier et président du Syndicat de l’énergie de l’Allier ;
Jean-Antoine Rosati, médecin ; Christilla Lorrain, consultante en finance ; Sioux Berger, écrivaine et journaliste spécialisée dans les sujets relatifs à l’écologie et au bien-être, accompagnée de Patrice Morgès, agriculteur dans les Combrailles.
Le président de l’association, Jérôme Schosseler, a notamment projeté des photos-montages montrant que les éoliennes domineraient le village de Saint-Hilaire-la-Croix et de rappeler que l’éolienne implantée à Champs ne fait « que » 90 m alors que celles du projet de Montcel durable atteindraient les 200 à 240 mètres. Avec comme comparatif de hauteur, le prieuré de Saint-Hilaire qui fait 25 m et la cathédrale de Clermont 96 m.

Refus d’une consultation citoyenne par les municipalités


Jérôme Schosseler a également tenu à revenir sur le refus par les conseils municipaux de Saint-Hilaire et Montcel de considérer comme irrecevable la demande de consultation de la population sur ce projet de parc éolien, au motif que « les communes ne sont pas décisionnaires et porteurs du projet » et que « la décision finale revient à l’Etat ». « Les maires ont choisi de la considérer comme irrecevable et de ne pas poser la question en conseil municipal, mais ils auraient pu faire autrement », appuie Jérôme Schosseler. « L’état encourage la concertation la plus large possible en amont de l’enquête publique », écrit le préfet. L’association avait déposé une demande de consultation citoyenne, notamment signée par plus de 1/5 des électeurs de Saint-Hilaire et Montcel comme le prévoit la loi.

L’expérience de l’Allier

Jean-Michel Desmon, président du Collectif Allier Citoyens qui réunit une vingtaine d’associations luttant contre les quelque 70 projets éoliens dans le département voisin, est venu partager son expérience, en précisant qu’« il faut penser à l’encerclement et avoir une vision globale ». « Les communes consultées sont de plus en plus nombreuses à rejeter ces projets. Les carnets de photos-montages intégrés dans les études d’impact sont réalisés avec un parti pris, où les éoliennes sont cachées. » Lors d’un rendez-vous, « la préfecture de l’Allier a reconnu un manque de transparence des projets, notamment concernant le démarchage des propriétaires fonciers en catimini pour leur faire signer des baux emphytéotiques ».

Néfaste pour le tourisme

En qualité de président des Gîtes de France de l’Allier, Yves Simon a commencé par faire un constat post-Covid et confinement : « Nous sommes dans une phase où nos territoires ont repris de la valeur ». Dans l’Allier, « 5 à 6 millions d’euros sont injectés dans la restauration de maisons et on génère 5 millions d’euros, avec la taxe de séjour, les impôts, etc. Le tourisme est en deuxième position derrière l’agriculture. » Et de rappeler que « les touristes viennent chez vous pour voir les monts du Puy-de-Dôme, les volcans, pas les éoliennes ! »

Néfaste pour la santé humaine


Le docteur Rosati, s’appuyant sur des rapports de l’Académie de médecine et de l’Anses, a mis en garde sur les effets néfastes des éoliennes sur la santé humaine. « Le bruit des éoliennes, lancinant, irrégulier en intensité, perturbe le sommeil, peut créer des vertiges, des acouphènes, des nausées, du stress, de l’hypertension, du diabète, des problèmes cardiaques. » Le rapport de l’Académie de médecine date de 2006. A l’époque, les éoliennes culminaient à 80 mètres et d’une puissance de 2,5 mégawatts. Aujourd’hui, elles sont de 200 à 240 m de hauteur et d’une puissance supérieure. « En 2006, l’académie préconisait qu’une éolienne soit à 1.500 m d’une habitation et non à la distance réglementaire de 500 m. »
Quant au infrasons, « ils disent qu’il n’y en a pas, mais ils ne sont pas enregistrables car inférieurs à 20 décibels. Les pales vibrent en tournant, et font varier la pression de l’air. Les corps emmagasinent les infrasons par l’oreille interne, ce qui peut provoquer le mal de mer, des vertiges. »
De même, la lumière sur les pales en rotation crée un effet stroboscopique et « ces éclats de lumière peuvent provoquer chez certaines personnes des crises d’épilepsie ».
Sans oublier le poste source, les éoliennes reliées entre elles ce qui provoque des courants vagabonds. En rappelant que l’énergie produite par le parc éolien de Montcel durable devrait être acheminée à Aigueperse, à une vingtaine de kilomètres, avec un impact sur la population vivant sur ce trajet.

Le financement d’un parc éolien et les risques économiques


Chistilla Lorrain, consultante en finance et spécialiste des montages financiers d’infrastructures dans l’environnement, a apporté un éclairage sur les risques économiques. « Un projet citoyen pour avoir la mainmise sur le projet et les retombées économiques, c’est séduisant sur le papier, mais revenons à la réalité. »
« Pour démarrer un projet éolien, il faut de l’argent, il faut apporter des fonds propres. Il faut trouver 30 % de 25 millions d’euros. Comment ces deux communes vont trouver cet argent ? Par des subventions dont on devient tributaire. Les banques ne vont financer que s’il y a un apport de 5,6 millions d’euros. »
Le maire de Saint-Hilaire-la-Croix, Sylvain Lelièvre, présent dans la salle, est intervenu pour dire qu’ils « pouvaient compter sur 80 à 85 % de financement des banques et 15 % d’apport en fonds citoyens (personnes, entreprises…) ».
Concernant les baux emphytéotiques, Christilla Lorrain a précisé « qu’il était très difficile d’en sortir » pour les propriétaires fonciers.
Quant au démantèlement, « malgré une garantie de 60.000 euros, s’il n’y a d’argent, il y a des promoteurs qui seront prêts à racheter les éoliennes et, sinon, l’argent est perdu ». « Les grands promoteurs qui ont plusieurs parcs éoliens peuvent, eux, compenser le déficit d’un de leurs parcs par les bénéfices d’un autre. »
Et il y a la variable du vent qui ne se maîtrise pas, d’où des éoliennes de plus en plus haute pour aller le chercher.

Des témoignages très inquiétants. L’agriculture en danger

Originaire de Haute-Loire et habitant le Cantal, Sioux Berger est écrivaine et journaliste. Quand des éoliennes ont été implantées aux portes de sa commune, que des promoteurs privés passaient et proposaient de l’argent, elle a commencé à récolter des témoignages, il y a quelques années, de personnes vivant sous les éoliennes. « Un agriculteur m’a dit qu’il n’avait plus la télévision et avait des problèmes avec ses vaches ». Plusieurs autres agriculteurs à une dizaine de kilomètres ont également dit leurs inquiétudes : « Les animaux se jetaient sur les barrières sans raison. Ils m’ont parlé d’avortement, de veaux malformés ». En février 2020, Sioux Berger est convoquée par l’Anses : « Sur les sols breton et auvergnat, dans les roches, il y a un problème de conductibilité (l’électricité qui passe va se concentrer dans les failles des roches). Six mois après, l’ARS, l’Anses ont recommandé de faire une étude… de trois ans ». En fait, « l’amiante, le nucléaire, notamment, sont considérés comme polluants, explique-t-elle. Mais, tout ce qui permet de produire de l’électricité, non ».
De toutes ces recherches, de ces témoignages, elle en a fait un roman, Les Pentes, et une BD, Le Prix du vent. Ouvrages que les personnes ont pu se procurer à l’issue de la réunion, avec dédicace de l’auteure.

Comme pour appuyer ses propos déjà éloquents, elle était venue accompagnée d’un agriculteur des Combrailles, Patrice Morgès. Lui a décrit son quotidien, sa sidération, son impuissance, son désarroi.
« Ma ferme se trouve à 800 m d’un parc éolien. J’ai perdu 150 bêtes en quatre ans, j’ai des vêlages avant terme, 50 % de perte après vêlage, ma production de lait a énormément baissé. Il y a des endroits où les bêtes ne veulent pas aller. Ma femme est vétérinaire, elle a fait des analyses de sang. On ne comprend pas ce qu’il se passe. »

A la fin de son témoignage, il a lâché : « Pour les chauve-souris, on ne met pas d’éolienne, mais pour les hommes, on en met… »

Christilla Lorrain a appuyé ce propos en disant de « ne pas oublier la biodiversité, il faut la défendre. Là où il y a la vie, il n’y a pas d’éolienne ».

Après ces échanges, un temps était réservé aux questions-réponses. A été évoqué l’intervention d’un géobiologue. Un agriculteur de Saint-Hilaire était parmi les personnes présentes, il y a plusieurs mois, lors du passage d’un géobiologue. « En entrant sur le terrain, il a dit « ça craint. Il y a des failles, il y a des sources ». S’adressant au maire de Saint-Hilaire-la-Croix présent, il a lancé :
« Soit vous voulez des agriculteurs, soit vous voulez des éoliennes. Mais, visiblement, vous allez choisir pour nous ».
Un peu plus tôt, le président de l’association, Jérôme Schosseler, avait également envoyé un message au maire : « Si les habitants n’en veulent pas, on devrait pouvoir compter sur nos élus pour qu’il n’y en ait pas ».
A bon entendeur…

Dimanche 22 janvier, la randonnée qui devait être organisée à Saint-Hilaire-la-Croix, menant à proximité du lieu d’implantation défini par Montcel durable, a dû être annulée en raisons des mauvaises conditions météorologiques.

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